mardi 22 janvier 2013

Soirée contre l'homophobie le 24 janvier

LA SÉANCE DU JEUDI 24 JANVIER à 20H30 à UTOPIA SAINT-OUEN sera suivie d’un débat dans le cadre d’une soirée exceptionnelle contre l’homophobie et pour le mariage pour tous en présence de Dorothée Delaunay de la commission LGBT d’Amnesty International, de Pascale Lenéouanic (Conseillère Régionale d’Ile de France, co-responsable de la commission «genres, sexualité, LGBT» du Parti de Gauche) Soirée soutenue par le Front de Gauche*, Europe-Ecologie Les Verts, La Ligue des Droits de l’Homme et Amnesty International

LA PARADE

Écrit et réalisé par Srdjan DRAGOJEVIC - Serbie/Croatie 2012 1h56mn VOSTF - avec Nikola Kojo, Milos Samolov, Hristina Popovic, Goran Jevtic, Goran Navojec...
Du 24/01/13 au 12/02/13
LA PARADETchetnik : terme péjoratif pour désigner un Serbe, employé par les Croates, les Bosniaques et les Albanais du Kosovo. Oustashi : terme péjoratif pour désigner un Croate, employé par les Serbes, les Bosniaques et les Albanais du Kosovo. Shquiptar : terme péjoratif pour désigner un Albanais, employé par les Bosniaques, les Croates et les Serbes du Kosovo. Pédé : terme péjoratif pour désigner un homosexuel, employé par tout le monde (Glossaire chauviniste de l'ex-Yougoslavie).

Une nouvelle preuve de la force irrépressible de l'humour… La Serbie porte bien des maux : un nationalisme exacerbé qui n'a jamais reconnu sa responsabilité dans le génocide bosniaque, une corruption généralisée, un clergé orthodoxe qui impose sa morale réactionnaire à l'ensemble de la société et une homophobie fortement partagée, au point qu'avant 2010, aucune Gay Pride ne put s'organiser à Belgrade sans violence meurtrière. C'est cette histoire, ce combat héroïque des homosexuels serbes que choisit d'évoquer Srdjan Dragojevic, étonnant personnage qui, avant d'être réalisateur, fut psychologue, poète et punk. Et qui a subi, à la fin des années soixante-dix, le même rejet violent que vivent aujourd'hui les gays et lesbiennes de Serbie. Dragojevic aurait pu faire un film grave et touchant, qui n'aurait probablement concerné que les intéressés… Au lieu de ça, il réalise une joyeuse farce absurde, dans cette tonalité jubilatoire que l'on trouvait dans certains films d'Emir Kusturica, avant qu'il ne se fourvoie, tant cinématographiquement que politiquement…

D'un côté nous avons Lemon, parrain des gangsters de Belgrade, patron d'un club de judo pour mafieux musculeux, une vraie caricature au mauvais goût bling-bling assumé, cultivant notamment un penchant décomplexé pour les trophées de chasse et les tableaux nationalistes. De l'autre, voici Radmilo, un vétérinaire rondouillard qui essaie – en vain il faut bien le dire – de cacher son homosexualité, d'autant que son fiancé, organisateur de mariages, est aussi le promoteur de la Gay Pride qui a bien du mal à tenir ses réunions sans incursion de néonazis qui aiment bien casser du pédé à la batte de baseball.
Vous avez compris que rien ne devrait les faire se rencontrer… Sauf que Lemon a : 1/ un bouledogue adoré et gravement blessé à faire soigner et 2/ un mariage avec sa volcanique fiancée à organiser. Ce qui va l'amener, par des circonvolutions assez hilarantes qu'on ne développera pas, à accepter d'assurer la protection de la Gay Pride, menacée par des centaines de skinheads galvanisés par les popes ! A ceci près qu'aucun costaud ne veut s'y coller, considérant évidemment cette mission comme définitivement déshonorante. Lemon va alors se lancer dans un grand tour de l'Ex-Yougoslavie, de la Croatie au Kosovo en passant par la Bosnie, pour recruter des gros bras, d'anciens frères ennemis qui se sont battus comme des tigres, chacun dans leur camp. Un road-movie pas piqué des hannetons, avec son lot de situations cocasses (on appréciera particulièrement, au Kosovo, les aigles dressés à transporter la drogue pour alimenter les soldats de l'OTAN).

Les amateurs d'humour délicat et aérien se pinceront un peu le nez mais le film réussit le tour de force de nous faire rire tout en étant un hommage touchant, voire bouleversant, à l'improbable unité contre l'homophobie, et à ceux qui, face à la bêtise crasse des casseurs d'homos, luttent sans relâche pour défendre les droits des gays et lesbiennes. On écrit ces lignes le 16 Décembre, juste avant d'aller manifester contre les homophobes de tout poil, que ce soit Frigide Barjot, passé de l'échangisme mondain à l'adulation de Benoît XVI, ou ces pères de famille bien habillés et exhibant leur crucifix qui n'hésitent pas à casser la gueule à de jeunes féministes. Autant dire que voir le courage des gays et lesbiennes de l'Est, qui eux risquent littéralement leur vie, nous oblige plus que jamais à ne rien lâcher.

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